La formation sur le rôle des médias africains dans la lutte contre l’extrémisme violent a été marquée par une visite à Grand-Bassam, la cité balnéaire, cible d’une attaque terroriste le 13 mars 2016. Six ans après ces événements, comment la ville classée patrimoine mondiale de l’Unesco renait de ses cendres ?
Mercredi 23 février 2022. Aux environs de 14 heures. Le soleil est au zénith. La vingtaine de journalistes africains participants à la formation débarquent à Grand-Bassam, située à 15 km à l’est d’Abidjan. Notre guide nous conduit sur les lieux où l’attaque a été perpétrée, il y a six ans. Assinie Luc Antoine est un jeune rabatteur aux abords des plages bassamoises. Son meilleur ami a succombé de ses blessures. « Quand j’ai vu mon ami d’enfance touché par les balles, je me suis dit alors qu’il fallait le sauver coûte que coûte, au prix de ma vie ! », se souvient-il le regard lointain. Portant lui-même une cicatrice de la blessure, il essaie tant bien que mal de tourner la page. « Je demande aux uns et aux autres de fréquenter les plages comme avant car les dispositions ont été prises par les autorités pour sécuriser les lieux », exhorte-il résiliant.
Grand-Bassam tire son économie essentiellement du tourisme. Ici, le musée national de costume. Là-bas, la maison des artisans. Un peu plus loin, le marché artisanal menant tout droit aux bords des plages, où trottinent les vendeurs ambulants à la quête de clients. Bref. Comment se déroule la reprise des activités touristiques ? Cissé Aly, artisan d’art baltique au village artisanal de Grand-Bassam, se veut optimiste. « On a su rebondir en se donnant de l’énergie en allant chercher au plus profond des éléments qu’on n’avait pas au début. Les crises amènent de réfléchir sur d’autres alternatives. C’est ainsi que nous avons créé un salon dénommé « Semaine internationale de l’artisanat de Grand-Bassam, SIAB Grand-Bassam » qui nous permet chaque année dans le mois d’août de réunir certains pays africains. C’est un salon annuel, multisectoriel dans le domaine de l’art, la culture et de l’innovation technologique ».
Même son de cloche pour Ebirim Rose, promotrice de Jah Live, un espace culturel aux bords de la plage, où l’on distille de la bonne musique reggae. Les yeux fermés, elle revient sur les raisons de la création de l’Ong Jah Live Art culturel et environnement, au lendemain de l’attentat. « Bassam était déserte. Tout était fermé. Personne ne venait à la plage. On ne s’en sortait même pas. On ne pouvait plus payer les impôts. C’est ainsi que nous avons décidé de faire quelque chose en nettoyant les plages. Et avec la sensibilisation des autorités, les touristes reviennent », explique-t-elle.
Aujourd’hui plus que jamais, la ville classée patrimoine mondial de l’Unesco affiche fière allure, et résolument déterminée à tourner la page et relever les défis du développement socioéconomique.
Kanaté Kassoum, envoyé spécial