Le secrétariat exécutif de la Commission Nationale des Frontières de Côte d’Ivoire (CNFCI) a initié les 05 et 06 avril 2022 à Korhogo, un atelier de renforcement des capacités des acteurs frontaliers ivoiriens sur la thématique de la transhumance transfrontalière et de l’agropastoralisme.
Cette session de formation se tient dans un contexte marqué d’une part, par la persistance et la fréquence des conflits entre les pasteurs, les transhumants et les agriculteurs, liés aux déplacements des premiers et leurs troupeaux à la recherche d’eau et du pâturage et, le terrorisme d’autre part.
Organisée grâce à l’appui financier de la GIZ/ PFUA et en partenariat avec la CEDEAO et l’Ong Acting For Life, ce renforcement de capacités vise essentiellement à donner aux participants les outils et mécanismes permettant de prévenir et de régler les conflits générés par la transhumance transfrontalière. Plus spécifiquement, il s’est agi d’une part de renforcer la capacité et les mécanismes de coordination des acteurs frontaliers, et d’autre part de créer un cadre formel d’échanges entre lesdits acteurs en vue de prévenir et régler les conflits nés de la pratique de ces activités.
Rappelant le contexte de cet atelier qui est la suite logique des formations entreprises par les instances sous-régionales sur cette thématique dans un contexte de menaces terroristes, Diakalidia Konaté, secrétaire exécutif de la CNFCI a réaffirmé son engagement à faire de la transhumance un facteur de paix et de sécurité dans les espaces frontaliers de la Côte d’Ivoire.
A son tour, André Ekponon, préfet de région, préfet du département de Korhogo a soutenu que la sensibilisation et le renforcement des capacités des acteurs de toute la chaine de valeurs demeure une solution incontournable à cette problématique.
Puis, les formations ont débuté par le premier module développé par Dr Bio Goura SOULE, agroéconomiste de formation et assistant technique sur les questions d’élevage et de pastoralisme auprès du Commissaire chargé de l’agriculture, de l’environnement et des ressources en eau de la CEDEAO à Abuja.
Intervenant par visio-conférence depuis Abuja au Nigeria, le formateur a situé le cadre stratégique sur le pastoralisme ainsi que les perspectives. Plus spécifiquement, il a d’abord instruit les auditeurs sur le fondement de l’élevage et le contexte dans lequel les animaux sont élevés en Afrique de l’Ouest. Ensuite, l’agroéconomiste a présenté les ressources alimentaires pour le bétail qui représentent, à l’en croire, une dynamique de la végétation. Il a terminé par l’hydraulique et la mobilité pastorale. Sur ce point, le formateur a soutenu que l’eau est une clef d’accès aux ressources avant de présenter la mobilité comme une stratégie fondamentale pour exploiter les ressources que l’on trouve dans toutes les zones.
M. Coulibaly Zanafongo Amadou coordonnateur de l’organisation professionnelle des éleveurs de Ferké, représentant l’ong Acting For Life est intervenu sur le module du commerce et de la mobilité du bétail. Pour lui, plusieurs raisons expliquent la mobilité du bétail notamment l’alimentation, l’insécurité, la production, la maladie et le profit. Poursuivant, il a relevé les difficultés liées à la mobilité qui se résument par la montée des agriculteurs dans les zones pastorales, l’extension des superficies cultivées, la réduction des pâturages naturels, le tarissement de certains points d’eau, la perte et le vol des animaux, la fermeture des couloirs de passage et les conflits.
Selon lui, ces difficultés pourraient entrainer, entre autres conséquences, la réduction de l’approvisionnement en bovins sur les marchés et la perturbation du marché de l’aliment bétail.
C’est pourquoi, il a proposé comme solutions aux conflits liés à la transhumance et au pastoralisme, la facilitation de l’accès à la carte d’identité des éleveurs transhumants ainsi que l’appui à la mise en place et au renforcement de cadre d’échanges transfrontalier sur la problématique de la transhumance.
Enfin, Il est revenu à Dr Ouattara Issif, vétérinaire principal et Directeur régional des ressources animales et halieutiques des régions du Poro et de la Bagoué d’entretenir les participants sur le cadre légal de la transhumance. Pour y arriver, il a d’abord présenté le statut juridique des espaces pastoraux dans les différents pays. Ensuite, il a égrené les droits et obligations des éleveurs prévus par les textes nationaux relatifs au pastoralisme et à la transhumance dans les différents pays et dans l’espace CEDEAO, ainsi que les restrictions, sanctions et protections des éleveurs prévus par les textes nationaux relatifs au pastoralisme et à la transhumance.
Il a terminé sa communication par les procédures de gestion et de prévention des conflits prévues par les textes nationaux relatifs à la transhumance et au pastoralisme. S’appuyant sur le Décret 96-433 du 03 juin 1996 relatif au règlement des différends entre agriculteurs et éleveurs, il a soutenu que lorsqu’un différend oppose un éleveur et un agriculteur au sujet d’un dégât causé aux cultures par des animaux domestiques ou d’un préjudice subi par un ou plusieurs animaux, les parties doivent rechercher un règlement amiable.
Dans la mise en œuvre, la procédure suivante est observée. Le sous-préfet installe des commissions villageoises de conciliation comprenant un représentant des autorités traditionnelles et politiques, un représentant des éleveurs et un représentant des agriculteurs du ou des villages concernés. Le chef de village préside cette commission.
Les échanges qui ont suivi les différentes présentations ont permis aux participants de clarifier et mieux comprendre les différents points abordés.
Créée en 2017, la Commission Nationale des Frontières de la Côte d’ivoire (CNFCI) a pour mission d’assister le gouvernement dans la conception, la définition et la mise en œuvre des politique et stratégie nationales.
Avec Sercom Cnfci