C’est donc tout excité mais aussi curieux que j’ai pris ma besace pour aller à la découverte du pays des Lions de la Téranga. Mes connaissances sur ce pays ouest-africain se limitaient uniquement aux programmes télévisés sur les chaînes cryptées. J’y ai remis les pieds deux fois de suite, en 2022 et en 2023 cette fois-ci pour la couverture médiatique du Grand Magal de Touba.
Touba, la ville sainte de Cheick Ahmadou Bamba
Arrivé dans la soirée aux environs de 22h à l’aéroport international Blaise Diagne de Dakar, capitale du Sénégal, j’ai mis le cap sur Touba, à environ 200 km à l’est. Touba est considérée comme une ville sainte. A l’origine, ce lieu a été fondé par Cheick Ahmadou Bamba, en 1888, dans le but d’adorer Dieu de façon exclusive. Depuis lors, Touba s’est imposée comme la deuxième ville du Sénégal, après Dakar, avec près de deux millions d’habitants. Elle est aujourd’hui tiraillée entre la tradition et la modernité. En effet, ici, il est interdit de construire un hôtel, une école française, un maquis. Il est également interdit de vendre de l’alcool et de la cigarette. La ville a gardé sa tradition d’hospitalité. L’étranger est accueilli à bras ouvert dans des familles d’accueil.
D’ailleurs, le khalife général des mourides a construit plusieurs résidences dédiées aux hôtes de marque. La vie à Touba est rythmée par la prière, la déclamation des Qaçaïdes, l’apprentissage du noble Coran et les œuvres gigantesques de Cheick Ahmadou Bamba. Pour toutes ces raisons, Touba est considérée comme une ville sainte. En revanche, cette localité fait face à de nombreux défis, dont le problème d’assainissement lors du Grand Magal, événement religieux d’envergure internationale. Des millions de personnes viennent en pèlerinage chaque année dans le mois de Safar, du calendrier islamique, dans le but de rendre hommage au Cheick Ahmadou Bamba.
Les familles d’accueil n’arrivent pas à contenir la forte demande en logement. Les résidences sont dédiées exclusivement aux hôtes du khalife général des mourides. Les autorités locales ont du mal à gérer la migration. Ce qui engendre des difficultés dans la circulation des biens et des personnes. Pour un trajet d’un kilomètre, on peut se taper une heure d’embouteillages. Les voiries n’ont pas été conçues pour accueillir un tel déferlement humain. Pire, les voies de canalisations des eaux usées sont quasiment inexistantes. En période d’hivernage, les pluies provoquent des inondations dans toute la ville. Des maisons, des enseignes, des commerces sont englouties par les eaux. Les voies sont coupées. Obligés de se frayer un chemin, les véhicules créent des embouteillages. Les chariots constituent alors l’alternative. En attendant de vaincre le signe indien, Touba restera encore pour des années lumières, une ville d’attraction touristique et spirituelle.
Dakar, la ville chère
Durant ces trois voyages, j’ai toujours été frappé par les traits de ressemblance entre Dakar et Abidjan : les gratte-ciels, les boulevards à perte de vue, les échangeurs, les monuments et statues. Cependant, j’ai constaté que la vie à Dakar coûte relativement plus chère que la capitale économique ivoirienne Abidjan. Je prends le cas des postes à péage. Dans la ville d’Abidjan, on compte pour le moment un seul poste à péage sur le 3è pont Henri Konan Bédié (HKB). Ici le péage commence à partir de 500F pour les véhicules personnels. Par contre, la ville de Dakar compte à elle seule au moins quatre (4) postes à péage sur l’axe de l’aéroport Blaise Diagne. Là, le péage commence à partir de 1 000F soit le double du coût à Abidjan !
Tiens, un coup d’œil sur le tableau de bord du coût du carburant. Je fais le même constat. A Dakar, l’essence coûte 990F/litre, le gasoil s’élève à 815F/litre. Par contre, à Abidjan, ces produits pétroliers coûtent respectivement 815F/litre et 655F/litre. Enfin, j’ai été sidéré par le tarif exorbitant du titre de transport dans la capitale dakaroise. Pour le trajet Dakar – aéroport Blaise Diagne, j’ai déboursé la somme de 25 000F avec le conducteur de taxi, après négociation !
Après ce périple sénégalais, j’avoue que dorénavant j’apprécie davantage les efforts des autorités ivoiriennes. Certes tout n’est pas rose. Mais comparativement à Dakar, je peux dire que “nul n’est mieux que chez soi” !
A bon entendeur, salut !
Kanaté Kassoum, envoyé spécial au Sénégal